Il y a des premières fois qui font sourire : un rire inattendu, un moment de tendresse partagé, une peau toute douce contre la vôtre. Et puis, il y a celles qui inquiètent un peu plus : les premières rougeurs, les démangeaisons qui ne passent pas, cette peau qui semble ne jamais vraiment se calmer.

Ces signes vous sont peut-être familiers ? Votre enfant, ou même vous, faites partie des nombreuses personnes touchées par la dermatite atopique. Cette condition, aussi connue sous le nom d'eczéma atopique, peut affecter tous les membres de la famille et impacter significativement le confort au quotidien.

Mais rassurez-vous : qu'il s'agisse des premiers signes chez votre bébé ou d'une situation que vous connaissez déjà, il existe des solutions adaptées et des conseils d'experts pour prendre soin des peaux les plus sensibles. Découvrons ensemble comment mieux comprendre et gérer cette situation au quotidien.

Qu'est-ce que la dermatite atopique ?

L'eczéma, également appelé dermatite atopique, est une maladie inflammatoire chronique et non contagieuse de la peau. Elle touche environ 20% des enfants et 10% des adultes, ce qui en fait l'une des affections cutanées les plus fréquentes. Elle se caractérise par une peau rouge (ou jaunâtre), gonflée et qui démange intensément. La maladie évolue par cycles, alternant des périodes de poussées où les symptômes s'aggravent, et des phases d'accalmie où la peau reste simplement sèche.

La dermatite atopique fait partie de ce qu'on appelle les "maladies atopiques", au même titre que l'asthme ou la rhinite allergique. Elle est souvent liée à une prédisposition génétique et se manifeste par une réaction excessive du système immunitaire face à certains facteurs environnementaux. Bien que cette maladie puisse sembler inquiétante, elle est bénigne et peut être efficacement contrôlée grâce à des soins adaptés et une bonne routine quotidienne.

Quelles sont les causes de l'eczéma atopique chez le bébé ?

Une prédisposition génétique 

La dermatite atopique, comme la plupart des allergies, est une maladie qui présente une forte composante génétique. Cela signifie qu'elle est héréditaire et se transmet des parents aux enfants :

• Si l'un des parents est atopique, le risque que l'enfant hérite de cette prédisposition est de 50 à 70%
• Si les deux parents sont atopiques, ce risque s'élève jusqu'à 80%

Si vous présentez vous-même une peau à tendance atopique, votre bébé a plus de risques d'en développer une aussi. La bonne nouvelle ? En identifiant tôt cette prédisposition et en adoptant une routine de soins adaptée dès la naissance, vous pouvez réduire de 33 à 50% le risque de poussées.

Quels sont les symptômes de la dermatite atopique  ?

Il est important de surveiller les premiers signes et symptômes qui peuvent indiquer une peau à tendance atopique ou de l'eczéma. Voici les facteurs à prendre en considération.

Peau sèche vs. Eczéma

Une peau sèche n'est pas forcément de l'eczéma, même si les deux peuvent survenir ensemble. Pour faire la différence, observez comment la peau réagit aux soins : si les irritations et les zones rugueuses et rouges s'améliorent rapidement avec une simple hydratation, il s'agit probablement d'une peau sèche. En revanche, si ces symptômes persistent malgré les soins et causent une gêne importante chez votre bébé, cela pourrait être de l'eczéma. Un doute ? Réalisez votre diagnostic de peau.

Les symptômes de l'eczéma atopique :

• La peau démange régulièrement
  
• Des plaques rouges apparaissent sur le menton, les joues, les bras ou le ventre de votre enfant
• Un léger suintement peut apparaître sur les plaques rouges
• montre des signes d'inconfort
• Il a des difficultés à s'endormir (bien que les troubles du sommeil puissent avoir d'autres causes, ce signe combiné aux autres symptômes suggère souvent une peau atopique)

Les premières poussées

Que se passe-t-il exactement lors d'une poussée ?

Une poussée de dermatite atopique suit toujours le même processus d'inflammation cutanée. Les premiers signes sont des petites rougeurs accompagnées de démangeaisons intenses. Ces lésions forment des plaques d'eczéma légèrement surélevées, donnant à la peau une texture rugueuse. De minuscules vésicules peuvent ensuite apparaître sur ces zones enflammées. Lorsque ces petites cloques éclatent, elles libèrent un liquide clair : c'est la phase de suintement. Une croûte se forme alors naturellement et finira par disparaître d'elle-même.

Rassurez-vous : même si les poussées peuvent être intenses, elles ne laissent aucune séquelle permanente sur la peau. Il est cependant essentiel d'éviter le grattage pour ne pas aggraver l'inflammation ou risquer une surinfection.

Les principaux symptômes durant une poussée sont :

• Des plaques rouges inflammatoires
• Des démangeaisons persistantes
• Des zones de suintement
• Un épaississement de la peau (lichénification)
• Des marques de grattage (excoriations)

Ces manifestations s'accompagnent systématiquement de fortes démangeaisons qui perturbent le sommeil et peuvent provoquer une irritabilité importante.

Combien de temps dure une poussée ?

La durée d'une poussée de dermatite atopique est variable selon les personnes. Elle peut s'étendre de quelques jours à plusieurs semaines. La maladie évolue de façon cyclique, alternant entre des phases de poussées et des périodes de rémission dont la durée est également variable.

Entre les poussées, pendant les phases de rémission, la peau reste sèche et tendue, pouvant encore occasionner des sensations de démangeaisons. Ces périodes d'accalmie peuvent être prolongées grâce à des soins quotidiens adaptés et l'éviction des facteurs déclenchants.

Les zones touchées par la dermatite atopique 

La localisation des lésions de la dermatite atopique varie selon l'âge. Voici un guide détaillé pour identifier les zones touchées à chaque étape de la vie.

Chez le bébé (0-2 ans)

L'eczéma atopique se manifeste principalement sur le visage des nouveau-nés. Cependant, il peut apparaître n'importe où, car il n'est pas limité à une seule partie du corps. Pour vous aider à mieux comprendre cette affection de la peau, il est important de bien en identifier les symptômes et les manifestations.

Les zones principalement touchées chez le nourrisson sont :

• Le visage : joues, front et menton
• Le cuir chevelu
• Les parties convexes du corps (bras, jambes)
• Le tronc et l'abdomen
• L'arrière des oreilles

À noter : le siège est généralement épargné grâce aux couches qui protègent la peau.

Chez l'enfant et l'adolescent

Les lésions se déplacent vers les plis de flexion :

• Les plis des coudes
• L'arrière des genoux
• Les poignets et les chevilles
• Le cou
• Les paumes des mains et les plantes des pieds
• Le visage, particulièrement autour : des paupières, de la bouche, des oreilles

Chez l'adulte

Si la dermatite atopique persiste à l'âge adulte, elle touche principalement :

• Le visage et le cou
• Les mains (notamment les paumes)
• Les plis de flexion (coudes et genoux)
• Le haut du dos
• Les paupières

La sévérité des symptômes tend à diminuer avec l'âge, même si les poussées peuvent encore survenir périodiquement.

Comment soigner la dermatite atopique ?

Bien qu'il n'existe pas de traitement définitif, plusieurs solutions permettent de soulager efficacement les symptômes de la dermatite atopique. Voici les différentes options de traitement disponibles.

Les soins quotidiens essentiels

Une routine de soins adaptée est fondamentale pour les peaux à tendance atopique. En effet, les produits spécifiquement formulés pour ce type de peau contiennent des actifs relipidants essentiels qui permettent de restaurer durablement la barrière cutanée. Cette action relipidante quotidienne aide à maintenir l'hydratation optimale de la peau, à réduire les sensations d'inconfort et les démangeaisons. Plus qu'un simple geste de soin, l'application régulière de ces produits adaptés participe activement à l'espacement des poussées d'eczéma, offrant ainsi des périodes de répit plus longues et une meilleure qualité de vie. Il est donc crucial d'adopter cette routine comme un rituel quotidien, au même titre que le brossage des dents, pour maintenir une peau plus confortable et plus résistante face aux facteurs déclenchants.

Au quotidien : 

• Appliquez une crème émolliente anti-grattage 2 fois par jour sur l'ensemble du corps, 
• Pour le bain ou la douche (maximum 1 fois par jour), utilisez des gels lavants ou des huiles lavantes adaptées aux peaux à tendance atopique, 
• En cas de forte démangeaisons, appliquez localement une crème plus concentrée (sans cortisone) pour apaiser la peau,
• Privilégiez des formules avec des ingrédients d'origine naturelle, sans parfum.

Les traitements médicamenteux

En cas de poussées sévères, lorsque les soins quotidiens ne suffisent plus à apaiser la peau, votre dermatologue peut prescrire des dermocorticoïdes sous forme de crème pour réduire l'inflammation. Ce traitement temporaire, uniquement sur prescription et sous surveillance médicale, doit être utilisé pendant la durée recommandée par votre dermatologue. Une fois la poussée maîtrisée, il est essentiel de reprendre une routine de soins quotidiens avec des produits émollients adaptés pour maintenir la peau en bonne santé et espacer les crises.

Les bonnes pratiques complémentaires

Pour gérer au mieux la dermatite atopique au quotidien, plusieurs pratiques simples mais essentielles peuvent être mises en place. Le choix des textiles est primordial : privilégiez des vêtements en coton bio, doux au contact de la peau. La gestion de l'environnement joue également un rôle crucial : maintenez une température modérée dans la chambre et évitez les bains trop chauds ou trop longs, en optant plutôt pour une douche tiède quotidienne.

La nuit étant une période particulièrement sensible en termes de perte d'hydratation, certaines précautions s'imposent. Portez des vêtements en fibres naturelles et utilisez un sous-pyjama apaisant équipé d'une technologie micro-encapsulée. La température de la chambre doit idéalement se situer entre 18 et 20°C, et n'hésitez pas à humidifier l'air si nécessaire.

L'identification et l'élimination des allergènes constituent également une étape importante dans la gestion de la dermatite atopique. Apprenez à repérer les facteurs déclenchants tels que l'air sec, les tissus irritants ou le stress. Une fois ces éléments identifiés, évitez autant que possible leur présence dans votre environnement. Enfin, une astuce simple mais efficace consiste à garder les ongles courts pour limiter les lésions causées par le grattage. En suivant ces recommandations au quotidien, vous pourrez significativement améliorer votre confort et mieux contrôler les symptômes de la dermatite atopique.

Comment peut évoluer la dermatite atopique ?

L'eczéma atopique disparaît dans la majorité des cas

La dermatite atopique s'améliore considérablement avec l'âge. Dans 75% des cas, l'eczéma atopique disparaît avant l'adolescence, avec une nette amélioration dès l'âge de 7 ans.

Cette évolution positive est la règle plutôt que l'exception. En effet, l'atopie n'est généralement pas une condition permanente. Pour la majorité des enfants, l'eczéma n'est qu'une phase temporaire qui s'estompe progressivement. Dans certains cas particulièrement favorables, les symptômes peuvent même s'atténuer très tôt, dès l'âge d'un ou deux ans.

Persistance de l'eczéma atopique à l'âge adulte

Dans certains cas, la dermatite atopique peut persister au-delà de l'adolescence. Environ 10% des patients continuent à présenter des symptômes à l'âge adulte, bien que les manifestations soient généralement plus modérées. Les poussées peuvent :

• Réapparaître après une période d'accalmie à l'adolescence
• Se manifester de façon plus espacée mais régulière
• Toucher principalement le visage, le cou et les mains

La bonne nouvelle est que même en cas de persistance, les crises sont souvent moins intenses que durant l'enfance. Une routine de soins adaptée permet de contrôler efficacement les symptômes et de prolonger les périodes de rémission. 

D'autres manifestations atopiques peuvent se développer

La dermatite atopique fait souvent partie d'un ensemble plus large de manifestations allergiques. En effet, l'asthme, la rhinite allergique et les allergies alimentaires sont fréquemment associés à l'eczéma atopique. Les études montrent que :

• 40% des patients atteints de dermatite atopique développent une rhinite allergique
• 25% développent de l'asthme
• Les allergies alimentaires sont plus fréquentes chez les enfants ayant un eczéma atopique

Cette association n'est pas un hasard : toutes ces affections sont liées à l'atopie, une prédisposition génétique à développer des réactions allergiques. Lorsqu'un enfant présente une dermatite atopique, cela indique un terrain atopique qui peut favoriser l'apparition d'autres manifestations allergiques au fil du temps.

Il est donc important de :

• Surveiller l'apparition de symptômes respiratoires
• Consulter rapidement en cas de signes d'asthme ou de rhinite
• Mettre en place une prise en charge précoce et adaptée

Un suivi médical régulier permet d'anticiper et de mieux gérer l'évolution de ces manifestations atopiques.

Quand consulter un médecin ?

Dès que vous pensez que votre enfant présente de l’eczéma atopique, le mieux est de consulter votre pédiatre. Tout d’abord pour confirmer le diagnostic. Si le terrain atopique de votre enfant se manifeste également par des allergies alimentaires, il pourra aussi vous confier aux mains d’un dermatologue ou un allergologue. Ces spécialistes sauront vous accompagnez et vous prescrire un traitement adapté en cas de poussées.

Le reste du temps, c’est-à-dire en période d’accalmie, vous pourrez mettre en place des petits rituels très efficaces pour participer à sa prévention... (cf. l’article Comment prévenir l’apparition de la dermatite atopique ?).

La dermatite atopique, bien qu’elle puisse être source de stress et d’inconfort, n’est pas une fatalité. Grâce à une meilleure compréhension de cette maladie cutanée, à des soins adaptés, et à une hygiène de vie respectueuse de la peau, il est tout à fait possible de soulager les symptômes, d'espacer les poussées et de retrouver une qualité de vie sereine — pour votre enfant comme pour vous.

Le plus important reste la régularité des gestes de soin, l’attention portée à l’environnement, et l’accompagnement bienveillant de votre médecin ou dermatologue.