Encore peu ou mal connu, le déni de grossesse peut susciter de l'incompréhension pour une femme comme pour son entourage. Ce phénomène impressionnant et complexe, qui touche chaque année des milliers de femmes, nécessite une attention particulière. Causes, symptômes, prise en charge… voici tout ce que vous devez savoir sur ce cas de figure qui bouleverse notre compréhension traditionnelle de la grossesse
Qu'est-ce que le déni de grossesse ?
Un déni de grossesse est un phénomène psychologique où une femme ne se rend pas compte qu'elle est enceinte, malgré la présence réelle d'un fœtus dans son utérus. Si certaines futures mamans peuvent être dans l'ignorance les premières semaines, on considère que passé 14 semaines d'aménorrhée (environ 3 mois de grossesse), il s'agit d'un déni. Dans certains cas, cela peut durer jusqu'à l'arrivée du futur bébé.
Ce mécanisme touche environ 1 grossesse sur 500, soit entre 1 500 et 3 000 cas par an, toutes catégories sociales confondues. Le déni de grossesse est considéré comme un trouble de la gestation psychique, classifié dans les troubles psychiatriques depuis 1985. Il se distingue d'une simple méconnaissance de grossesse par son caractère inconscient et la participation active du corps qui dissimule les signes habituels de grossesse.
Les professionnels de santé soulignent que ce phénomène peut toucher toute femme, quel que soit son âge, son niveau d'éducation ou sa situation familiale, y compris celles ayant déjà eu des enfants.
Quels sont les symptômes d'un déni de grossesse ?
Encore mal connu pour certains, le déni de grossesse a cette particularité d'être invisible car les symptômes n'apparaissent pas ou sont si peu présents que cela n'alerte pas la future maman. En particulier le ventre qui ne s'arrondit pas et les menstruations qui peuvent perdurer pendant toute la période de déni. Cette invisibilité s'explique par un mécanisme psycho-corporel unique où le corps s'adapte de manière surprenante : l'utérus s'étire en hauteur plutôt qu'en avant, le fœtus se loge derrière les côtes ou contre la colonne vertébrale, et les muscles abdominaux restent tendus. D'autres symptômes classiques de la grossesse comme les nausées, la fatigue ou les tensions mammaires sont soit totalement absents, soit interprétés différemment par la femme qui les attribue à d'autres causes. Dans certains cas, les femmes peuvent même constater une perte de poids plutôt qu'une prise de poids habituelle, renforçant ainsi l'invisibilité de leur état.
Comment est le ventre de la maman en cas d'un déni de grossesse ?
De la même manière que pour une grossesse détectée, le ventre d'une femme en cas de déni de grossesse peut varier en fonction de facteurs comme le stade de la grossesse ou encore la morphologie de la femme. Toutefois, il est effectivement possible que le ventre soit relativement plat ou peu enflé en fonction de la façon dont le bébé est positionné.
Dans d'autres cas, le ventre peut finalement commencer à s'arrondir à mesure que la grossesse évolue même si cela sera moins évident en comparaison avec une grossesse reconnue. Après la levée du déni, le corps peut rapidement se transformer et le ventre s'arrondir en quelques heures ou jours.
Où se trouve le bébé pendant un déni de grossesse ?
Dans un cas de déni de grossesse, le corps change, mais ces transformations peuvent rester invisibles. Le ventre ne s’arrondit pas forcément, car l’utérus s’adapte autrement. Le bébé peut se positionner en profondeur, vers la colonne vertébrale ou sous les côtes, ce qui rend la grossesse moins visible. Ce type de situation peut être mis en évidence grâce à une échographie.
Peut-on avoir ses règles avec un déni de grossesse ?
Dans certains cas, le mécanisme de défense mis en place par l'inconscient de la future maman est tel que le corps va continuer de fonctionner tout à fait normalement : les règles sont présentes. Bien que l'arrêt des règles soit généralement le premier signe d'une grossesse, il arrive qu'une femme enceinte ait des saignements qui seront pris pour des règles (et donc qui peuvent conforter la femme enceinte dans son déni).
En effet, certaines femmes ont des "saignements de privation hormonale". Ils sont plus légers que des règles et peuvent être causés par des changements hormonaux, notamment au début de la grossesse, lorsque le corps peut continuer à produire des hormones similaires à celles impliquées dans le cycle menstruel. Ce phénomène est particulièrement fréquent chez les femmes sous contraception hormonale, qui peuvent continuer à avoir des "fausses règles" pendant leur grossesse.
Les différents types ou "stades" de déni de grossesse
Il existe deux types de déni dans le cas d'une grossesse qui n'est pas décelée : le déni partiel et le déni total. Chacun nécessite une approche spécifique.
Le déni de grossesse partiel :
Le cas le plus fréquent: le déni de grossesse partiel, la femme enceinte se rend compte de sa grossesse entre la fin du premier trimestre et le terme de son accouchement. En cas de déni de grossesse partiel, il est possible qu'elle ait constaté certains symptômes [article symptômes de grossesse] sans toutefois se dire que c'était lié à une grossesse ou sans les avoir pris au sérieux. Elle peut aussi avoir attribué les symptômes (nausées, fatigue, prise de poids) à tout autre chose. La découverte peut se faire lors d'un examen médical de routine ou suite à des douleurs abdominales inexpliquées.
Le déni de grossesse total :
Un cas plus rare, le déni total, signifie qu'aucun symptôme n'a permis de détecter la grossesse et elle est découverte au moment de l'accouchement. Cette situation, bien que moins fréquente, nécessite une prise en charge immédiate et un accompagnement psychologique intensif pour la mère et l'enfant.
Quelles sont les causes d'un déni de grossesse ?
Le déni de grossesse est un véritable mécanisme de défense de la part de l'inconscient. Un système d'autoprotection qui peut survenir d'un traumatisme passé, de conséquences psychologiques, de facteurs de stress ou de dénis inconscients.
Plusieurs facteurs peuvent déclencher ce mécanisme :
- Un contexte familial difficile ou instable
- Des antécédents d'agression sexuelle ou d'abus
- Une situation professionnelle précaire
- Une grossesse non désirée ou non planifiée
- Des traumatismes psychologiques antérieurs
- Une forte pression sociale ou familiale
- Une stérilité supposée par le corps médical
Dans d'autres cas, le ventre peut finalement commencer à s'arrondir à mesure que la grossesse évolue même si cela sera moins évident en comparaison avec une grossesse reconnue. Après la levée du déni, le corps peut rapidement se transformer et le ventre s'arrondir en quelques heures ou jours.
Le test peut-il être négatif ?
En cas de déni de grossesse, les signes biologiques sont bien présents dans le corps. Une grossesse peut donc être détectée grâce à différents examens médicaux, même si la femme n'en a pas conscience. Les médecins généralistes, souvent consultés en premier recours pour des symptômes variés, peuvent jouer un rôle crucial dans la détection. Voici comment :
Le test de grossesse
Même en cas de déni de grossesse, un test de grossesse est positif. En effet, dès la conception, le corps commence à produire l'hormone bêta-HCG, détectable dans les urines. Que la femme ait conscience de sa grossesse ou non, cette hormone est présente, et les tests urinaires sont fiables à plus de 99 % lorsqu'ils sont utilisés correctement.
La prise de sang
Pour une confirmation encore plus précise, une prise de sang peut être réalisée. Elle mesure avec exactitude le taux de bêta-HCG dans l'organisme, confirmant ainsi la présence d'une grossesse, même très précoce. Ce test est souvent demandé par les médecins généralistes ou autres professionnels de santé lorsqu'un doute persiste ou si le test urinaire est ambigu.
L'échographie, l'examen révélateur
Enfin, une échographie permet de visualiser directement le fœtus. Même si certaines femmes en déni de grossesse interprètent les mouvements du bébé comme des troubles digestifs, une échographie révèle clairement la présence de la grossesse et son évolution. C'est un examen clé dans le diagnostic du déni, souvent effectué lorsqu'un professionnel de santé suspecte une grossesse non perçue.
Conséquences pour la mère et l'enfant
Le déni de grossesse peut entraîner des répercussions significatives tant pour la mère que pour l'enfant à naître.
N'ayant pas conscience de son état, la future maman maintient ses habitudes quotidiennes potentiellement risquées pour le développement du fœtus. La consommation continue de substances comme le tabac, l'alcool, la caféine, ainsi que des habitudes alimentaires inadaptées peuvent compromettre la santé du bébé.
Pour le nouveau-né, les risques principaux incluent :
- Une naissance prématurée
- Des retards dans le développement psychomoteur
- Des complications liées à l'absence de suivi médical
Du côté maternel, l'absence de préparation à l'accouchement expose la femme à des complications obstétricales potentiellement dangereuses. L'accouchement inattendu peut également constituer un choc psychologique important.
Face à cette situation délicate, il est crucial de briser le silence. Que vous soyez personnellement concernée ou que vous suspectiez un déni de grossesse dans votre entourage, n'hésitez pas à vous confier à une personne de confiance ou à consulter un professionnel de santé. Une prise en charge précoce peut considérablement améliorer l'issue pour la mère et l'enfant.
Prise en charge en cas de déni de grossesse
La prise en charge d’un déni de grossesse varie selon le moment où il est découvert, et doit s’adapter à la situation personnelle de la future maman. Une approche pluridisciplinaire est souvent nécessaire pour accompagner au mieux la femme, sur les plans médical, psychologique et social.
Un suivi médical rapide
La prise en charge médicale est la première étape essentielle lorsqu'une grossesse est identifiée après un déni. Une consultation permet d'établir un premier bilan de santé complet et d'évaluer le développement du bébé. Les examens habituellement réalisés plus tôt dans la grossesse, comme les échographies et analyses, sont alors effectués. Dans les cas où le déni est levé tardivement, les professionnels de santé mettent en place un suivi plus rapproché pour prévenir et gérer d'éventuelles complications.
Un accompagnement psychologique indispensable

L'aspect psychologique ne doit pas être négligé car le déni de grossesse peut avoir un impact émotionnel considérable sur la future mère. Ce phénomène étant souvent lié à des mécanismes inconscients de protection, un accompagnement psychologique est indispensable. Il aide la femme à comprendre sa situation, à exprimer ses émotions et à mieux gérer cette expérience qui bouleverse sa vie.
Un soutien social adapté si besoin
Un soutien social peut également s'avérer nécessaire, particulièrement dans les situations de précarité, d'isolement ou lorsque la future mère éprouve des difficultés à envisager sa maternité. Cet accompagnement peut prendre diverses formes : aide à la préparation à la naissance, solutions matérielles concrètes, ou encore suivi post-accouchement. L'objectif est d'assurer les meilleures conditions possibles pour le début de vie de l'enfant.
La dénégation de grossesse
Il est important de distinguer le déni de la dénégation de grossesse. Dans le cas d'une dénégation, la future mère a une certaine conscience de son état de grossesse, mais refuse psychologiquement de l'accepter ou de la reconnaître.
Ce mécanisme de défense, différent du déni total ou partiel, se caractérise par une oscillation entre la prise de conscience et le refus de la réalité. La mère peut percevoir les signes physiques de la grossesse mais les attribue volontairement à d'autres causes, dans une tentative inconsciente d'effacer cette réalité dérangeante.
La dénégation peut survenir dans des contextes de grossesse non désirée, de situation personnelle complexe ou de traumatismes antérieurs. Comme pour le déni, une prise en charge psychologique adaptée est essentielle pour accompagner ces mères vers l'acceptation de leur état.
Certaines femmes peuvent ressentir des symptômes de grossesse sans être réellement enceintes : on parle alors de grossesse nerveuse. Ce phénomène, bien que rare, peut être déstabilisant. Pour mieux comprendre ce qu’il implique et comment y faire face, découvrez notre article dédié à la grossesse nerveuse.